Road-trip du désert au salar

Road-trip du désert au salar

Comme souvent, l'aventure dans les grands salars boliviens commence par un long trajet de bus de nuit Lapaz-Tupiza. Arrivés au petit matin, nous posons nos mochilas (sac à dos) à l'hôtel. Pour parcourir le Sud-Lipez jusqu'au salar il n'y a pas 36 solutions. Impossible d'y aller par ses propres moyens, nous sommes obligés de trouver un chauffeur de 4x4, souvent accompagné d'une cuisinière pour nous accompagner pendant ces 5 jours dans les déserts du sud bolivien. Nous commençons à prospecter auprès des agences, ça nous prendra toute la matinée: série de négociations musclées avec certains gérants très étranges et évasifs sur quelques questions clefs... 

On finit par trouver notre bonheur, on remplit la paperasse rapidement et partons manger un morceau au marché attablés avec des mineurs et des familles boliviennes qui sortent du défilé de la "fiesta de la bandiera". Le moment est très sympa, c'est génial de pouvoir parler la langue du pays, on peut très rapidement briser la glace, découvrir pleins de choses et partager des moments familiaux et chaleureux! Les enfants sont en costume aux couleurs de leur école, c'est trop mignon! Corentin fait rire l'assemblée quand il essaye de parler en quechua. Le meilleur moyen pour dérider les gens rapidement et de provoquer le Yelemisen :)

Nous faisons nos petites emplettes de cacahuètes, PQ (matos nécessaire de survie en bolivie) et fruits en négociant avec les marchants comme le veut la coutume. 

L'après-midi, nous laçons nos chaussures de marche et mettons le cap sur le superbe site de canyons à quelques km à pied de la ville. Le début du sentier traverse la décharge, drôle d'entrée en matière...Au bout de vingt minutes nous passons la gigantesque formation rocheuse rouge appelée "porte du diable": des milliers de lames hautes et pointues en roches érodées. La largeur entre les promontoires rocheux se reduit progressivement pour devenir un canyon étroit. Nous arrivons au commencement du magnifique canyon de l'inca. Un peu d'escalade sur les énormes blocs effondrés nous permettent de percer les mystères de ce lieu magique. La lumière sur la partie haute des parois rocheuses rougeâtre/ocre est splendide. Un vrai décor de western où les indiens, en vigie en haut des falaises, pourraient nous tendre un guet apens en fermant les accès et en nous tirant des flèches! 

Un filet d'eau se fraie un chemin dans le sable, les hautes parois ondulent, quelques cactus poussent ici et là, des arbres solitaires emplissent l'espace de leur ramure verte claquante sur le fond ocre des murs du canyon. 

Nous rentrons au village avant le couché du soleil. L'excitation du départ monte!  

Après une bonne nuit de sommeil, nous voilà fin prêts pour l'expédition! Nous rencontrons nos compagnons pour cette  aventure de quatre jours: Laura et Giuseppe, un couple d'italiens en pleine forme qui pourraient être nos parents, Sylvia, la cuisinière, et Léo le pilote/mécanicien. 

C'est une équipe de choc qui s'entend parfaitement dès les premiers instants. 

Nous parlons un mélange de français-espagnol-italien, un espéranto bizarroïde. L'essentiel c'est que tout monde se comprenne! On prend la route et aperçoit une carcasse de voiture en piteux état sortie de route en contrebas. Un 4x4 est garé, les passagers observent gravement le véhicule accidenté, certains sont descendus voir: Il y a un cadavre... C'est un moment étrange où la bonne humeur du départ fait place à la tristesse pour cette personne morte dans cette chute vertigineuse... Il n'y a rien à faire, nous redémarrons en silence pendant un certain temps, choqués. Cet accident, comme celui qui a tué cinq personnes dans le salar d'Uyuni, nous fait froid dans le dos et rappelle à quel point nous sommes vulnérables...


La première journée nous traversons la région du Sud Lipez. Les paysages sont inimaginables, ils sont magnifiques! On roule toute la journée mais c'est un plaisir car le décor change complètement en quelques kms et nous sommes immergés dans des ambiances très très loin de celles de notre vie normale. Des étendues désertiques à perte de vue, des grandes plaines où broutent des troupeaux de lamas, des vigognes courant dans leur espace de liberté infinie, des volcans, des sommets enneigés, des lagunes de toutes les couleurs, une faune et une flore extraordinaire, des villages fantômes entourés de mines de cuivre, argent, or , des geysers où l'on perçoit l'énergie de la planète, des canyons labyrinthiques... Inoubliable!

C'est un vrai cadeau de la nature que cet itinéraire nous donne à voir. Des paysages d'une variété sans fin et surréalistes! 

Le tout rythmé par les bons repas de Sylvia, la musique bolivienne de Leo (dans laquelle la chanteuse est tout le temps en train de pleurer et de souffrir...), les discussions avec nos amis italiens et les nuits fraiches dans les refuges. 

Le matin du deuxième jour, le moteur de notre véhicule crache un énorme nuage de fumée du capot juste avant le départ.

-"c'est normal" nous dit Leo. 

-"Et la fuite du radiateur là c'est normal aussi?" 

-"ah, j'avais pas vu." , me répond Leo "On va le colmater avec ça"

Il sort un sachet plastique de sa poche plein de poudre rouge qui ressemble à du piment. Il verse tout dans le radiateur et nous attendons une heure que la poudre magique fasse effet. Il fait très très froid... Nos pieds sont congelés. Heureusement il nous annonce que nous pouvons prendre la route! Le même soir ce sera la crevaison d'un pneu. Mais chaque fois Leo est très zen et répare efficacement pour qu'on reparte aussitôt! Une vraie leçon de patience et de débrouille! 

Il nous raconte qu'une fois il lui est arrivé de crever huit fois dans la même journée... C'est "normal" que ça arrive à chaque voyage. 

Nous montons jusqu'à 5000m d'altitude, nous allons à l'intersection des trois frontières Bolivie/Argentine/Chili, nous nous levons aux aurores pour voir le plus beau levé de soleil de la terre sur le plus grand désert de sel du monde... Que des situations exceptionnelles! 

L'itinéraire se termine en apothéose avec cette immense étendue de sel du salar Tunupa (que tout le monde appelle par erreur "salar d'Uyuni"). L'épaisseur de sel varie de 2 à 120m et recouvre une des plus grande réserve de lithium du monde, très prisée par les grandes multinationales pour tous les types de batteries électriques. Un paysage qui risque donc de se métamorphoser dans la décennie à venir... 

Ce voyage est une expérience difficile à décrire, il faut la vivre pour comprendre. Nous laissons les photos vous en raconter un peu plus. 

En tous cas, c'est une aventure humaine et paysagère unique qui nous fait prendre conscience de l'immensité de la planète et de l'infinie beauté de la nature! C'est un endroit où le sol touche le ciel, ils se mélangent à l'horizon. Les montagnes se reflètent en symétrie dans des mirages et semblent être en suspension au-dessus du sol. Irréel, fantastique, associations de couleurs jamais vues auparavant, plantes lentes et séculaires...

Bref un rêve éveillé qui a pris fin à Uyuni où nous avons pris un 4x4 pour San Pedro de Atacama au Chili accompagnés par quatre chiliens avec qui nous vivrons les prochaines aventures.

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Commentaires: 1
  • #1

    Adele (vendredi, 02 septembre 2016 15:16)

    J'adore vos vidéos ! Bisous à tous les deux