Au pied du volcan Sajama

Au pied du volcan Sajama

Depuis La paz, la capitale du trek andin, nous épluchons les très nombreuses possibilités de ballades qui s'offrent à nous. La saison bat son plein ici, nous sommes en plein mois d'août, et nous sommes loin d'être les seuls à avoir envie de grand air. On choisit donc une option "hors des sentiers battus" pour nous ressourcer après le tumulte et le chaos de la capitale bolivienne. On met le cap sur un petit parc national méconnu, au pied du volcan Sajama, le plus haut sommet bolivien (6540m).

Bon on passera sur les galères de transport habituelles (menaces de grève, blocage de la gare, horaires changeants, bus en retard...). Nous sommes rodés maintenant! On prend notre mal en patience et nous finissons par attraper un bus qui nous largue sur la nationale au niveau de l'embranchement avec le parc. De là part un seul minibus, une fois par jour, pour rejoindre Sajama en 2h. Aujourd'hui c'est jour de marché dans le coin donc le minibus fait un long crochet pour récupérer les habitants de Sajama partis faire leur amplettes. C'est le seul marché de la région et il ne faut pas le louper, il se tient une fois tous les 15jours. Après une bonne heure de route, nous rejoignons ce fameux marché. Le chauffeur nous invite à nous balader et à grignoter un morceau pendant que les habitants finissent leurs courses. On se demande de combien d'habitants il parle. Nous sommes déjà 6 à bord et le combi est déjà presque plein... Quand on reviens, une dizaine de personnes attend devant la camionnette avec des montagnes de provisions. Mais comment tout ça va tenir dans un si petit espace?? Le chauffeur charge sur le toit des gazinières, des bouteilles de gaz, des énormes sacs de riz, de légumes... Bref, on finit par embarquer, les strapontins dépliés, nous sommes 17 à prendre doucement la route de Sajama. Dans le bus, on sympathise avec 2 françaises en vacances et on discute avec les habitants du village. Un couple nous propose de nous héberger tous les 4. L'aventure dans le parc de Sajama commence ainsi! 

 

Ce qui est sûr c'est qu'on est pas déçu de notre choix!! Par la fenêtre les paysages sont déjà magnifiques : des hauts sommets enneigés entourés de plaines dorés avec un peu partout des troupeaux de lamas, d'alpagas et quelques vigognes sauvages. Nous arrivons enfin dans le village de Sajama. Avec Murielle et Tiphany, nous suivons nos hôtes jusqu'à leur maison. Elle est située sur la place principale. En fait toute la rue ou presque leur appartient. Nous sommes logés dans une magnifique maisonnette traditionnelle, construite entièrement en briques de terre qui se prolongent en toiture pour formée une double voûte. Nous prenons les repas dans leur "boui-boui" multifonction. Un genre de grand garage ouvert sur la place, qui fait office de salle à manger, de supérette, d'atelier de tissage et de tricot... Après un bon maté et une démo de trompette rouillée interprétée par "tio" le propriétaire de cet étrange endroit, nous partons tous les 4 arpenter les environs.

Sur la place de ce village un peu fantôme, une belle église est encadrés par les sommets emblématiques du parc. Le fameux Sajama d'un côté et de l'autre 2 sommets jumeaux. On grimpe dans le clocher pour profiter de la vue et on aperçoit un petit mirador sur une colline à  deux pas du village. C'est parti, on grimpe sur le mirador alors que le soleil commence à piqué du nez. D'en bas le sommet paraissait tout proche mais on se rend vite compte que l'ascension sera plus longue que prévue! L'altitude se fait sentir et après quelques efforts que nous atteignons le sommets pour admirer le couché du soleil. Nous sommes tous les 2 parfaitement acclimatés à l'altitude mais c'est pas le cas de nos 2 compatriotes qui sont en altitude depuis quelques jours seulement. On file donc rapidement dans notre garage-auberge pour nous réchauffer avec un bon maté de coca qui efface les maux de tête en moins de 2. Après une fraiche nuit, on part tous les 4 pour une rando sur l'altiplano. Les paysages sont fabuleux. Nous sommes seuls au milieux des volcans et des troupeaux de lamas. L'élevage est la seule ressource des villageois. Chaque troupeau déambule librement autour du village. Pour les reconnaître, certains éleveurs "déguisent" leurs bêtes avec des fanions de couleurs autour du cou ou accrochés aux oreilles. De temps en temps, on croise des petits enclôts circulaires construits en bois ou en pierres sèches. Ce sont les auberges des lamas pour les protéger des prédateurs qui rodent à la nuit tombée. Un éleveur nous en dit un peu plus sur son travail...en gros, il n'a rien à faire! Les lamas sont indépendants. Quand le soleil commence à se coucher ils se dirigent seuls vers leur enclos qui est souvent protégé par un chien qui veille sur eux la nuit. Le matin ils partent se nourrir dans les environs et reviennent systématiquement à la tombée de la nuit. Le seul travail consiste à les tondre une fois tous les 3 ans pour récupérer la laine. Après avoir profité du spectacle des lamas, nous faisons une petite pause pique-nique et bain chaud dans des thermes au pied du volcan. Le soir on retrouve notre famille hôte pour manger. Tio part avant la nuit pour récupérer ses agneaux et les mettre à l'abri pour la nuit. Un jeu d'enfant dit-il en partant vers 18h, "les clôtures ça sert à rien, moi je préfère savoir mes animaux en liberté". Nous apprendrons le lendemain matin qu'il a finit par les retrouver à 4h du matin! Et sans lampe de poche! Sa technique? Il met le feux aux touffes d'herbes pour s'éclairer et attirer les bêtes! En effet, on constate le lendemain en se baladant qu'il y a pas mal de touffes brûlées autour du village. 

 

Pour notre dernière journée dans le parc on décide de se lancer dans une randonnée plus difficile, pour aller jusqu'à des lagunes d'altitude, le long de la frontière chilienne. Ça monte pas mal et surtout on manque d'oxygène mais les paysages valent tout de même un peu d'efforts! On apprécie par dessus tout la solitude de ce petit paradis. Nous croisons personne sur le chemin. Au programme, 3 lagunes qui s'enchainent jusqu'à 5000m d'altitude. Sur le chemin, on croise des foules de viscachas, des sortes de gros lapins croisés avec des marmottes et qui sautent partout comme des écureuils. Après avoir fait le plein de paysages et d'air frais, nous profitons de notre dernière soirée avant de reprendre la route à l'aube pour rejoindre le Sud-lipez.

Écrire commentaire

Commentaires: 1
  • #1

    Mathilde (jeudi, 01 septembre 2016 09:00)

    Génial le coup des touffes cramées !!! Vive la liberté... et la patience!