Trek vers la cite inca de Choquequirao

Trek vers la cite inca de Choquequirao

Après en avoir discuté avec plusieurs voyageurs qui nous ont bien vendu l'aventure, nous préparons activement notre premier trek en autonomie, direction la cité inca de Choquequirao. Basés à Cusco, nous faisons nos courses au marché et au bizarroïde supermarché pour faire le plein de fruits secs, de pâtes et de noix en tout genre. 

Puis c'est la course à la location de matériel pour trouver tente, duvets, bâtons, matelas, gaz et cuisine. Le soir nous devons faire entrer tout ça dans nos gros sacs à dos. Au lit plus tôt que les poules, nous profitons de la dernière nuit de confort dans un vrai  lit avant l'expédition. 

Nous nous levons aux aurores, montons dans le bus avant de finir notre nuit bercés par la route aux milles virages. Les gens sont malades dans les lacets, on commence à être habitués. Nous devons sauter littéralement du bus, récupérer à la hâte nos sacs en soute et trouver un collectivos pour aller de la patte d'oie jusqu'au village de Cachora, de l'autre côté de la montagne. Le chauffeur tente de nous allumer mais après force de négociation nous réussirons à limiter la casse. Il est 11h, nous partons de la place du village le ventre plein pour démarrer enfin le trek tant attendu! Nous avons l'impression d'être au bout du monde. Les habitations sont en adobe, très spartiates et usées par le temps. 

Nous descendons dans la vallée avec une vue splendide sur la haute chaîne de nevados. Le chemin est relativement plat pendant les premières 2h30 de marche. Nous suivons la même courbe de niveau jusqu'à un premier mirador. Nous prenons un petit picnic à côté de la gargotte animée et repartons enthousiasmés par le beau temps et l'énergie du casse croûte. On distingue au loin, de l'autre côté de la vallée, la montagne sur laquelle se trouve le site inca du Choquequirao. La vue est sublime: Le fleuve bleu turquoise coule 1700m plus bas, les pentes enherbées sont vertigineuses et le sentier zigzague en lacets pour limiter la raideur de la pente. 

Après avoir passé le premier camping le long du chemin, la descente commence à devenir sérieusement raide et difficile. Au total, nous descendons 1700m de dénivelé dans la même journée. Les genoux tremblent, les sacs sont lourds, leur poids nous entraîne vers l'avant. Nous apercevons les grands haubans du pont qui traverse le fleuve, cela signifie que nous sommes bientôt arrivés à l'étape du jour où nous allons planter la tente. Le camping est en vue, nous y arrivons avec le dos et les genoux bien fatigués. Des mouches nous dévorent les bras en nous croquant la peau. Nous cuisinons notre repas exquis de soupe et pâtes instantanées à la lampe frontale super-puissante de Chloé et nous couchons aussitôt pour récupérer avant les 1700m de dénivelé positif du lendemain. 

Il est 7h, on a déjeuné, replié la tente et fait nos sacs. On décolle et attaquons la montée qui durera jusqu'à 14h. Une fois le soleil bien haut dans le ciel, il commence à faire très chaud et le sac appuie lourdement sur les épaules. Heureusement il y a des petites étapes pendant l'ascension où nous testons les boissons fluos énergétiques. L'effet est appréciable!! Un bon coup de fouet pour repartir avec tonus et bonne humeur. Corentin aura même assez d'énergie pour danser avec la mamie de la tienda acceptant la proposition avec rire et beaucoup d'humour. 

On croise beaucoup de convois de mules chargées comme...elles-mêmes!

On comprend bien l'expression. Elles soulèvent des nuages de poussière étouffants. Arrivés tout en haut, Chloé a un sourire jusqu'aux oreilles en voyant le panneau du village de Marampata. Effectivement, cela signifie que nous sommes très proche de l'étape du jour. Le village est sur l'autre versant de la montagne, en face de nous on aperçoit le site du Choquequirao perché sur la crête. Le village est comme une oasis: pleine de vie, d'animaux, de maisons en adobe, de champs en terrasses... Nous le traversons pour rejoindre le camping au pied des ruines. Le chemin monte et descend comme des montagnes russes, difficile de terminer par ça après les 1700m de montée! 

Nous montons rapidement le campement, faisons une sieste et repartons aussitôt pour aller découvrir la merveille inca. L'accès grimpe bien comme il faut, nos jambes n'en peuvent plus... Ce que nous découvrons vaut largement les efforts déployés: Une cité bâtie sur une très haute crête dominant les environs sur 360°. Les constructions sont très bien conservées et témoignent du génie de la civilisation inca. Le site, plus grand que le MachuPicchu, dont 70% est encore ensevelie sous la végétation, est entouré de vertigineuses terrasses plongeant dans le vide au dessus des vallées. Les terrasses orientées Ouest sont ornementées par des dessins à l'échelle 1 de lamas, animal sacré, en pierres blanches. Une immense place ovale sur une plateforme taillée dans un sommet domine le site. La vue est époustouflante. Nous apercevons des grands bâtiments entourant une place végétale, un groupe de bâtiments destiné aux artisans en second plan et un groupe de bâtiments dédiés aux cultes et aux ancêtres au-dessus de la place. Un système de canalisation en pierre distribuait de l'eau, captée directement au niveau des glaciers, dans toute la cité. Ils avaient même construit une cascade artificielle, série de terrasses en pierre, qui plonge dans le vide! Impressionnante mise en scène des rituels!

Cet endroit fut l'un des derniers refuge des incas fuyant l'invasion sanglante des conquistadors. Tester soi même la difficulté d'accès permet de bien  comprendre pourquoi elle ne fut jamais découverte par les espagnols. 

A 17h nous sommes seuls sur le site avec une lumière magique de fin de journée. C'est un moment presque mystique. 

Nous redescendons au camping profiter de notre repas fadasse et notre tente bien fraîche. Le pire c'est qu'on ne dort pas super bien malgré l'écrasante fatigue. 

Le réveil est chouette: levé du soleil à travers la montagne, forêt à perte de vue dominée par les impressionnants glaciers et neiges éternelles. 

Nous profitons à nouveau du site en arrivant les premiers. En fin de matinée nous devons prendre le chemin du retour. Chloé est malade et le cheminement sera long et difficile. Malgré ses vomissements, sa chute, son bâton cassé et son manque d'énergie, elle réussit avec une force mentale et un courage digne d'un marcheur inca, à redescendre les difficiles 1700m de dénivelé!

Arrivés au fleuve, elle est au bout de ses forces. Seulement il faut absolument qu'on pousse encore un peu jusqu'au dernier camping pour finir le trek à temps afin de prendre un bus direct pour Cusco. C' est la pire parti du trek: Une montée de 1h30 très raide, nos jambes ayant déjà marché la grosse journée...

Corentin saute sur un muletier qui prépare son troupeau pour monter deux touristes. Il lui demande si nous pouvons ajouter le sac de Chloé au chargement. Gabriel, un des deux touristes ayant fait appel aux services du muletier, propose sa place sur la mule directement à Chloé. Avec Soledad, ils sont très fatigués. Mais cet américain très gentleman offre très naturellement et avec beaucoup de gentillesse cette option nécessaire pour continuer. La nuit tombe, le convoi avance lentement à la lumière du crépuscule. Le moment est intense, la fatigue est telle qu'on a l'impression que nous allons nous écrouler à chaque pas. La montée semble ne jamais se terminer. Les silhouettes se dessinent en contre jour devant le ciel allant du rougeâtre à l'horizon au bleu marine de fin de journée. C'est un moment qui restera gravé à jamais dans nos mémoires! 

Nous terminons le chemin à la lampe frontale. Nous entrons dans le petit bois où se trouve le camping, on entend des bruits d'arrosage, on est plus très loin! Plus on se rapproche et plus c'est dur de conclure la marche! Corentin est essoufflé comme jamais et Chloé, très affaiblie, est à deux doigts de tomber de sa selle.

La lampe torche fait briller des yeux au loin: des mules qui se reposent, on est arrivé au camping!!

Corentin monte le campement le plus vite possible pour que Chloé puisse enfin se reposer. Notre ami Gabriel, plein de bonne humeur et de gentillesse, nous propose de continuer l'aventure ensemble. Départ prévu à 5h du matin pour pouvoir monter dans une navette directe pour Cusco. 

Nous partons alors que le jour n'est pas encore levé. Le soleil commence à pointer le bout de son nez et projette d'immenses faisceaux de lumière entre les sommets des montagnes. Le spectacle est magnifique, il nous réchauffe et nous donne du baume au coeur. La dernière ascension est longue: une quinzaine de longs virages pour atteindre le mirador. Une dernière pause grignotage et nous arrivons enfin tout en haut!! Nous sommes heureux ! On l'a fait et c'était splendide!

On profite des fauteuils du combi qui nous ramène à Cusco pour nous reposer. Le trajet de retour est long mais l'ambiance est bonne! Une fois à Cusco, nous nous échangeons les contacts, nous rendons le matériel loué et cherchons avec difficulté notre hostel, le chauffeur de taxi n'en a jamais entendu parlé et nous dépose dans une mauvaise rue. A force de demander aux gens on finit par le trouver et nous posons enfin nos gros sacs pour nous prendre une bonne douche chaude! 

Un repos bien mérité avant de repartir à l'aventure au MachuPicchu.

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Commentaires: 3
  • #1

    cwyttynck@yahoo.fr (mercredi, 17 août 2016 12:09)

    bravo les aventuriers mais faites attention à ne pas prendre trop de risque
    CW

  • #2

    Maman Jo (vendredi, 19 août 2016 01:00)

    Un grand merci à Gabriel pour sa bienveillance à l'égard de Chloé ! En espérant que la suite de vos aventures soit plus tranquille...

  • #3

    Mathilde (jeudi, 01 septembre 2016 16:10)

    Félicitations à tous les deux! Un sacré exploit physique et mental à priori! J'espère que Chloé s'est remise d'aplomb rapidement!