Protection et sécurité

Les rues d'Amérique latine sont souvent bordées par des murs en limite de propriété aux allures de fortifications. Ces grands murs lisses et opaques couronnés par des bouts de verre, fils de fer, fils électriques, branches piquantes, traduisent un sentiment puissant d'insécurité. 
La rue devient un grand couloir enfermé dans des limites étanches 
des clôtures perfectionnées dignes d'un zoo.
Nous sommes allés à Quito dans un de ces quartiers privatisés et sécurisés par un grand mur d'enceinte avec un grand portail surveillé 24h/24 par un gardien. Le concept va tellement loin qu'ils ont même bâti leur propre église ! 
Un entre-soi fermé qui va un peu trop loin... Cette forme d'urbanisme en "cul de sac", de ghettoïsation n'est jamais très saine car les populations ne se mélangent pas, vivent dans un monde fermé où se développe la crainte de ceux qui vivent hors de la "communauté", pas de brassages, échanges limités...
Les rues sont des espaces purement fonctionnels de circulation et de stationnement. Le comble c'est que chaque maison est encore entourée par un grand mur! Ces dispositifs de surenchère de la sécurité créent un sentiment d'insécurité même là ou il n'y a pas de raison de craindre quoi que ce soit. Notre ami équatorien nous explique que la sécurité est un gros business ici: système perfectionnés d'alarmes, de cameras de surveillance... 
N'est ce pas un cercle vicieux? 
Plus les bords des rues sont fermés et hostiles aux êtres humains, plus l'ambiance des rues semblent dangereuses et sinistres, moins on a envie de rester dans la rue, moins il y a de passage et de gens, moins il y a de surveillance mutuelle et donc moins de sécurité, plus de chance de rencontrer du danger dans les rues désertées et donc besoin d'encore plus de murs anti-intrusion...
Plus le mur est sécurisé, plus il semble y avoir de richesses protégées derrière attisant la tentation des voleurs?! 
Les propriétés sont des sortes de "prisons dorées" avec hauts murs et barbelés, cameras dans tous les  angles, portails verrouillés, gardien qui surveille les allés-venues...
Cela ne date pas d'hier: la civilisation Chimú bâtissaient déjà d'immenses murs de fortifications en adobe autour de leurs palais à ChanChan au Pérou; les incas profitaient des vertigineuses parois naturelles des montagnes péruviennes au Machupicchu, au Choquequirao, à Olataytambo, et bâtissaient des murailles aux endroits stratégiques; les soeurs du couvent de Santa Catalina, à Arequipa au Pérou, vivaient cloitrées dans un grand quartier coupé du monde extérieur par un épais mur de pierre...
Des époques où il y avait des guerres, mais aujourd'hui est ce encore nécessaire?  
Le taux de violence et les vols sont-ils élevés à ce point? 
Qu'est ce qui a boulversé la sécurité des rues d'Amérique latine? 
Est ce une "réalité augmentée" par les images de faits divers violents qui tournent en boucle sur les médiocres chaines de JT en continu ? 
Ce niveau de méfiance n'est il pas dangereux à long terme?
Ne pouvons nous pas inverser la tendance en faisant un peu plus confiance à autrui en matérialisant des limites plus douces, plus poétiques et plus humaine?
A Montreal, les clôtures sur rue qu'on a vu font souvent moins d'un mètre; 
à Lima un massif dense de fleurs surmonte les murs;...
D'autres clôtures plus ouvertes sont possibles!  

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Commentaires: 1
  • #1

    Agathe (vendredi, 23 septembre 2016 15:27)

    Avec cette semaine de reprise de boulot votre blog me fait vraiment voyager !
    Très bonnes remarques en ce qui concerne la sécurité ! Avez vous pu en parler avec les habitants ? Qu'est-ce qu'ils en pensent ? Comment ce sentent ils ?